Le jour de mon premier match de rugby, je devais avoir un peu moins de 20 ans. J’avais à peine quelques semaines de rugby dans les jambes et me voilà de court-vêtu sur le terrain. La peur au ventre, la gorge serrée, je me demandais si je serai toujours vivant 80 minutes plus tard. C’est alors que Pilou, mon capitaine, a réuni toute l’équipe autour de lui et nous a adressé ces paroles: « Aujourd’hui, c’est le premier match de Garci, je veux qu’il termine le match sans une égratignure! ».

Je suis sorti des vestiaires toujours aussi terrifié, mais avec la sensation que rien de mauvais n’allait m’arriver. Je pouvais compter sur quatorze gars qui seraient là pour moi en cas de besoin. J’ai appris ce jour-là, sans le savoir, ma première leçon d’Agile.

Les cinq valeurs qui définissent le rugby sont: l’intégrité, la passion, la solidarité, la discipline et le respect. Ce n’est pas moi qui le dis, mais la plus haute instance du rugby, l’International Rugby Board. C’est comme cela que j’ai découvert la méthode Agile, dont les 4 valeurs de base sont: l’équipe, l’application, la collaboration et l’acceptation du changement. L’essence de mon sport préféré a beaucoup de points communs avec les fondements de l’Agile. Par exemple la notion que l’équipe se construit à partir de l’individu et que cela demande autant une responsabilité individuelle comme collective. Le but est commun aux deux, avancer et marquer. Je schématise volontairement, mais je reviendrai sur ces points dans un autre billet bientôt.

C’est curieux, mais souvent quand quelqu’un me dit « Chez nous on travaille en Agile »; cette personne est incapable de me nommer une seule des 4 valeurs qui définissent l’Agile. Pour moi, l’Agile est dans son essence bien plus qu’une méthode, c’est un état d’esprit, une philosophie de vie. On ne peut pas pratiquer correctement l’Agile si l’on n’a pas compris l’essence de cette philosophie. Si l’on se contente d’appliquer une méthode, on s’éloigne radicalement des bases de l’Agile. Si l’on ne sait pas la différence entre une organisation holistique et tayloriste, on ne peut pas clamer aux quatre vents qu’on est Agile. C’est comme si le fait de porter un maillot de rugby faisait de vous un joueur de rugby.

Ici, se termine la première partie de mon billet, Agile ou pas si l’on dépasse les 400 mots par billet, on est privé de dessert! La suite prochainement sur ce blogue.